lundi 15 juillet 2013

Xavier Beulin : une certaine vision d'une Europe étendue

Extrait de Les Echos - juillet 2011

Très circonspect quand on en vient à l'action du président de la République, Nicolas Sarkozy, il botte en touche. « Je suis très respectueux de la fonction », dit-il, avant d'évoquer un déplacement en avion où il était assis à côté du chef de l'Etat. « C'est un homme beaucoup plus profond que l'image qu'on lui prête. Nous avons parlé peinture et littérature », dit-il. « Pas un mot sur l'agriculture », mais il a gardé un très bon souvenir de cet échange sur des domaines auxquels il s'intéresse, lui qui aime lire et fréquenter les galeries.

Se rapprocher du Maghreb
Européen convaincu, Xavier Beulin voit l'avenir de l'Union européenne dans un autre ensemble que celui qui est défini aujourd'hui par les vingt-sept pays membres. Tout comme il lui semblerait plus efficace de redécouper le monde en grandes zones économiques. « Je me sentirais plus à l'aise dans une Europe qui définirait des relations de coopération beaucoup plus actives avec le Maghreb, la Turquie, l'Egypte. » Le bassin méditerranéen et l'Europe forment aux yeux du président de la FNSEA « un grand ensemble cohérent ». Les deux régions sont « liées par l'histoire, et très complémentaires sur le plan de la démographie ». Certains grands pays ont déjà fait la démonstration de l'intérêt des rapprochements économiques et financiers. L'Amérique du Nord avec le Mexique. Le Japon avec le Sud-Est asiatique. Le bassin méditerranéen est « un énorme réservoir de main-d'oeuvre jeune », alors que l'Europe du Nord menace de devenir « une zone de rentiers ». L'idée de Xavier Beulin n'est pas tant de puiser dans ce réservoir que de contribuer à y organiser la vie économique. « Avant qu'il ne soit trop tard et qu'il y ait, non pas les quelques milliers de Tunisiens dont on s'inquiète aujourd'hui sur les plages de Lampedusa, mais des centaines de milliers. » Voilà pourquoi, selon lui, les Européens doivent absolument s'impliquer, favoriser ce qu'il appelle « le deuxième tour » du printemps arabe. En multipliant les investissements et les transferts d'activité dans cette région du monde. « Il faut y enrayer l'exode rural, aider à fixer cette main-d'oeuvre sur place et repenser complètement la relation commerciale avec ces pays », explique-t-il.

Nouvel homme, nouveau style. Avec Xavier Beulin, la FNSEA amorce une révolution tranquille, qui verra sans doute les manifestations et la défense des corporatismes céder la place à une plus grande ouverture, un lobbying feutré...



MARIE-JOSEE COUGARD

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